dimanche 6 février 2011

DIASPORA* - reconquérir le réseau social

On ne peut nier aujourd'hui l'importance qu'ont pris et prennent encore les réseaux sociaux. Qu'ils soient professionnels ou personnels.
Importance en quantité (nombre important et en pleine croissance d'utilisateurs réguliers) et qualité (on a pu lire que Facebook devient, chez les jeunes, le portail d'accès à Internet avant même la messagerie électronique ou le moteur de recherche).

Une concrétisation de ce fait a pu se voir récemment dans les évènements en Tunisie par exemple, durant lesquels le réseau social le plus prégnant au monde a été l'un des principaux vecteurs d'échange, d'émulation et d'organisation utilisés par les masses en mouvement.

C'est à ce titre que nous, utilisateurs de ces nouvelles "infrastructures logicielles", devons aujourd'hui nous pencher sur la mise sous contrôle et en transparence de ces nouveaux moyens de communication. Pour qu'Internet deviennent un émancipateur de l'esprit humain, ce dernier doit s'enquérir de la mise sous contrôle démocratique de ses outils. Dans le cas contraire, Internet ne sera qu'un carcan de contrôle de plus à la solde des autorités (rarement légitimes) ou des intérêts financiers (les deux étant volontiers de mèche à notre époque).
DIASPORA* est un outil qui prend le bon chemin.


Risques et faiblesses des applications commerciales

Le contrôle de l'application prégnante d'échange par les autorités en place, possible parce que celle-ci est centralisée et à leurs ordres car plus intéressée par ses résultats financiers que par l'éthique et l'altruisme, est alors un levier de maîtrise autoritaire (coupure, filtrage), de propagande (on a vu Google & cie en Chine, par exemple) ou de répression (identification des meneurs, des prescripteurs d'opinion). Ainsi Facebook est-il le meilleur système de fichage policier au monde que chacun vient bien naïvement renseigner de son plein gré, avec moult détails.

Plus insidieusement, la fréquentation en masse de l'application ne peut qu'allécher les appétits commerciaux des entreprises dans le système de consommation actuel et de non régulation de la publicité. L'application en ligne devient alors, sous deux axes, le bras armé invisible du marketing de suggestion et de captation des appétits consuméristes :
  • Suggestion : bombardement publicitaire constant, adaptation su contenu publicitaire en fonction du profil du consommateur cible, des pages web qu'il fréquente
  • Captation : commercialisation des données personnelles de millions de consommateurs vendues au plus offrant qui les utilisera dans ses outils de GRC (Gestion de la Relation Client) afin de mieux cibler ceux qui feront son chiffre d'affaire - retour à la case suggestion
On touche là à la grande question de la gratuité sur Internet. L'utilisateur ne veut rien payer; Il veut du gratuit. Or le gratuit n'existe nulle part. Et d'autant moins dans notre civilisation crispée autour de la marchandisation. Sous une apparence de gratuité qui n'est qu'immédiate, l'utilisateur (qui ne devrait jamais oublier qu'il reste consommateur dans ce système, toujours) paie de manière médiate le service mis à sa disposition comme on le voit.


Quelle alternative ?

Il est non pas nécessaire mais trivialement souhaitable que les internautes se réapproprient les outils qui implémentent les réseaux sociaux afin :
  • De conserver un contrôle démocratique sur l'usage de ces outils
    • Le rôle de ces outils, leur évolution, leurs orientations doivent rester du domaine public sauf quoi ils seront inévitablement récupérés par les intérêts commerciaux, régaliens, idéologiques... Le modèle du libre (open source)
    • La structure de fonctionnement-même de l'outil doit permettre de garantir cela; ainsi l'outil doit-il être décentralisé.
      Chaque réseau social, sous-partie de l'ensemble des internautes ainsi connectés peut héberger ses infrastructures par lui-même.
  • De protéger les informations et, par là, la vie privée
    • Les conditions générales signées dans le cadre de l'ouverture d'un compte Facebook sont à ce titre une spoliation de l'internaute. (Wikipedia, en une image, )
    • Les mécanismes de contrôle de la diffusion doivent être simple et clairs. La maîtrise de l'information, de manière ferme c'est à dire par voie cryptographique, doit-être une composante de base de l'outil.
    • Les bases doivent être respectées (e.g. CNIL) : possibilité d'effacer la totalité de ses données personnelles, ce que ne permet pas Facebook, par exemple, qui conserve les informations du compte après sa clôture par l'utilisateur.
  • De garantir les droits sur les contenus diffusés afin d'éviter leur récupération, par une structure non commerciale, un système de licence et de conditions générales adéquats.

Cet outil c'est précisément DIASPORA*.

Diaspora* est actuellement en cours de développement (participatif), le code est ouvert et diffusé. Il ne s'agit pour le moment que d'une version alpha, la beta suivra puis, on l'espère, une version V1 finale... Il n'est pour le moment possible de rejoindre Diaspora* (join diaspora) que sur invitation d'un membre déjà inscrit.
Le fonctionnement est également participatif : les utilisateurs sont libres d'installer une instance de Diaspora* (un serveur) chez eux par exemple, et ainsi pourvoir au fonctionnement du réseau. Les différents serveurs sont liés entre eux et les données sont répliquées pour une totale résilience.
Bien qu'éparses, les données sont protégées par un système de cryptographie : seuls celles auxquelles il a droit seront accessible par un utilisateur.

Site web : https://joindiaspora.com/
Article Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Diaspora_(logiciel)
Pour les anglophones : The anti-Facebook on BBC


On remarquera par ailleurs que le même schéma se retrouve d'une manière plus générale avec tout ce qui devrait rester du domaine du bien commun (environnement, infrastructures, services publics, ...) et qui est aujourd'hui vendu à la découpe, et souvent bradé, dans le cadre du néo-libéralisme à la mode depuis 40 ans et en pleine expansion...

A bon entendeur...


Liens en vrac :

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