mercredi 6 mai 2009

Le revers de l'assiette, ou l'inhumanité envers l'animal

Si je suis obligé de ne faire aucun mal à mon semblable, c'est moins parce qu'il est un être raisonnable que parce qu'il est un être sensible ; qualité qui étant commune à la bête et à l'homme, doit au moins donner à l'une le droit de ne pas être maltraitée inutilement par l'autre.
(Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - J.J Rousseau)
L'homme a passé son histoire à tâcher de se détacher, petit à petit et le plus possible, de la nature. C'en est arrivé à un point où nous n'avons plus aucune idée de ce qu'il y a dans notre assiette.
Pour nombre de gamins, les poissons sont rectangulaires et jaunes, les poulets au mieux n'ont pas de plumes, au pire poussent directement au format de petits "chicken dips" dans nos emballages McDo ou KFC...
Quant-à nous, adultes, ce n'est pas mieux. Nous prétendrons tous, avec un petit rire satisfait ou prétentieux, savoir bien sûr ce qu'est le cochon, veau, poulet, œuf, bœuf, poisson qui se trouve là dans notre assiette, en provenance directe... du supermarché, et au delà... au delà... au delà qu'importe ? justement ! N'est-ce pas ça précisément le progrès que de ne plus avoir à faire croître sa subsistance quotidienne ? Que de ne même plus savoir comment elle est... fabriquée.

La réalité de la ferme-usine


Voici donc comment notre steak, nos œufs, notre cuisse ou blanc de poulet (oui, on ne veut plus voir la bête entière, "beurk" quoi, voyons), veau bien blanc et surtout pas cher, pas cher, pas cher ! sont conçus.
A ce point, c'est de l'usine à viande ; et au delà des considérations éthiques qui peuvent nous passer au dessus de la tête, on peut se demander ne serait-ce qu'égoïstement quelle est la qualité de ce qu'on ingère ainsi en quantités plus que superfétatoires...

Généralités
Porcs
Poules et poulets
Poissons

Conséquences sanitaires et autres

De tels élevages, notamment porcins, sont des terreaux fertiles à l'apparition, du développement et de la propagation de nouvelles souches virales. On pensera notamment à l'épisode récent de la "grippe porcine" qui n'a rien de porcine mais dont les élevages industriels de porcs au Mexique ont créé les conditions d'apparition...
Quelques articles :
Autres conséquences sur les consommateurs, en vrac :
  • Antibiotiques : les bêtes en élevage intensif sont dans des conditions sanitaires déplorables, les cheptels révèlent une très faible diversité génétique et donc fragilité : ces bêtes ne vivent pas, elles sont maintenues en vie avec force traitements, notamment antibiotiques.
    Deux conséquences : 1/ cela favorise l'apparition de souches virales et bactériennes résistantes, 2/ ces antibiotiques se retrouvent dans notre assiette, faut pas se leurrer, et le même impact immunitaire se retrouve chez le consommateur.
  • Hormones : un credo : rentabilité; les hormones stimulent la croissance des bêtes. Quid de leur impact sur le consommateur ?
  • Anabolisants : désormais interdits, mais en fixant comme seul critère de sélection des produits le Prix, et en fermant gentiment les yeux pourvu que ce dernier soit bas, nous créons toutes les conditions pour que notre steak haché de fast-food importé du Nicaragua ne respecte pas vraiment cette règle...
  • Qualité des nutriments et qualités gustatives : observez, simplement ; même le rat des villes moyen a encore suffisamment d'instinct pour faire la différence entre un poulet en batterie (Articulations faibles qui se disloquent à la moindre traction, chairs molles) et un poulet de plein air. Entre un œuf de batteries (anémique) et un vrai œuf (bien jaune et ferme, comme ceux du poulailler de votre grand mère, étant petit).
  • Mode de consommation hyper-protéinique néfaste à la santé de l'individu. Mieux vaut manger moins souvent des protéines mais prises dans une viande de qualité. En plus c'est écologique et jubilatoire. Encore faudrait-il réapprendre le sens de la nourriture de qualité à nos jeunes et moins jeunes générations. Tout un lien à la Nature à reconstruire, problème de base.

Quelques principes de consommation ?

En règle générale...
  • Consommer moins, déjà ! Notre consommation de viande est nettement au delà de nos besoins nutritionnels, nous occidentaux ("embourgeoisés de m..." - Les Nuls :-). Et ce fait est purement culturel.
  • Éviter de tirer le prix vers le bas. Mieux vaut consommer moins mais bon, que plus mais infâme. Cela rejoint le premier point : de toutes manières nous consommons un surplus de viandes.
  • Acheter au plus proche du producteur (AMAP). D'une part ce dernier ne verra pas ses bénéfices se volatiliser dans toute une chaine d'intermédiaires mécréants (vous avez dit chaîne du froid ? date de péremption ? reconditionnement sauvage ? marges-arrières ?) et vous aurez une meilleure connaissance du mode de production.
  • Acheter local. Pourquoi faire venir votre poulet ou votre steak du Brésil quand des producteurs vous entourent ? Le transport occupe une part importante dans l'impact écologique des aliments.
  • Encourager le Bio. Si tout le monde, du jour au lendemain se décidait à ne plus accepter que de l'agriculture Bio ou écoresponsable, ces produits auraient alors un prix tout à fait "normal" puisqu'ils seraient la norme.
  • Les "Label Rouge" sont assez flous, le cahier des charge varie de région en région. Un produit labellisé vaut tout de même mieux qu'un produit non labellisé ; mais dans quelle mesure ?
  • Bannir les viandes/poissons issus d'espèces sauvages menacées (thon rouge, esturgeon, baleine, et tant d'autres...)
Œufs
Sur tous les œufs figure un tatouage à l'encre alimentaire. Ce tatouage contient notamment la catégorie de production de l'œuf.

Le chiffre tout à gauche donne le mode de production :
  • 0 : production Bio. Les œufs de cette catégorie sont à plébisciter : ils garantissent à la fois la qualité de l'œuf et des conditions d'élevage très correctes pour les animaux.
  • 1 : poules de "plein air".
  • 2 : élevage "au sol". Potentiellement de l'élevage en hangars surchargés.
  • 3 : production en batteries (cages hors sol). A éviter, tant pour vous que pour les bestioles...

Volaille

Plusieurs dénominations et labels existent, il est facile de se faire abuser...
Privilégier la mention "élevé en plein air" qui garantit que les poulets ont accès à une zone extérieure à l'air libre. Toute la question est : de quelle surface par animal dispose chaque bête ?
La superficie de terrain par bête est un bon indicateur, en général.

Porc
Peu d'information disponible. Seul le Bio semble garantir une production saine...

Bœuf/Veau
Trouver de la viande Bio n'est pas évident. Tenter les AMAP, surveillez la provenance.

Poissons
Marine Stewardship Council logo
Éviter les poissons issus de la pêche d'espèces sauvages menacées afin de ne pas en encourager leur surpêche.
<-- Label MSC (Marine Steewardship Council) : écoétiquetage pour les pêcheries durables.
http://www.pourunepechedurable.fr/
Guide poisson (pdf)




A voir aussi


Et en règle générale : lisez l'étiquette !!!

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