Pourquoi j'irai pisser dans l'urne dimanche

Cela fait moult occurrences depuis ce premier tour échu que l'on m'enjoint, avec force argumentation négative, à voter pour un Flamby. Ou plutôt "pas pour le Naboléon". Pour moi, c'est du flan, tout ça.

Cela fait moult fois que j'explique patiemment pourquoi un tel non-choix me donne la nausée. Alors une bonne fois pour toutes, attendez-vous à voir posté cet article de manière atrocement systématique.

J'y explique mon désarroi et ma volonté de ne pas légitimer cette fausse démocratie d'apparence justificatrice par mon vote quel qu'il soit dans une configuration électorale méthodiquement mise en œuvre par les structures de pouvoir réel (financières) via le jeu de la puissante manipulation médiatique.


(J'avais initialement titré cet article "Pourquoi j'irai pisser dans l'urne dimanche", pour info. Ça a son importance sur la fin... puis j'ai hésité avec "De la fausse démocratie d'apparence justificatrice" qui pète grave mais est moins racoleur ; et comme il faut se battre avec les armes de son ennemi, paraît-il... Du coup comme je ne sais pas ce que je choisirai au final, je laisse cet encart, c'est cadeau ;-)

Ce deuxième tour est stérile

Dans une élection, on élit. C'est à dire que l'on fait un choix.

Cela peut paraître trivial à dire mais semble néanmoins devoir être répété : pouvoir choisir nécessite d'avoir une alternative. Si je vous enjoins (vous insultant dans le cas contraire) à choisir entre un tartare de steak et un steak tartare, vous allez me répliquer avec force raison que je me moque quelque peu de vous - que je me fouts, même, carrément et ouvertement de votre gueule.

Or, quel "choix" a-t-on en présence ?

• A mon extrême droite, le grand méchant NABOLEON.
  Fidèle serviteur de la finance mondialisée, Hérault de la rente capitalistique usurière institutionnalisée, il se bat avec acharnement depuis bien plus que les cinq ans qu'il a passés à la tête de l'état français pour :
  - re-concentrer la richesse
  - en créant moult niches fiscales pour les plus riches, et accessoirement les plus aisés (il faut bien se faire des amis),
  - privatiser les services publics pour éviter ce "salaire indirect" au peuple et du même coup générer du bizness pour les copains investisseurs,
  - nous jeter dans les arcanes d'une Europe qui institutionnalise la mainmise de la haute finance sur les états qui ne sont plus souverains (retour à la féodalité)
  - nous ramener à l'atlantisme le plus félon et lèche-boules que l'on ait vu depuis longtemps (le Grand Charles, dernier président à avoir tenu un programme socialiste soit dit en passant, doit s'en retourner dans sa tombe - d'autant que le nabot se revendique du Gaullisme : à un tel niveau de falsification, c'est Dada)
  - ... (j'en passe pour pas vous faire vomir trop vite - le scato, c'est plus vers la fin | teasing...)
• A ma droite (eh beh oui, depuis quand la social-démocratie comme elle s'appelle est de gauche !?) le magnifique, le rassembleur, le diététique, le sucré - FLAMBY (ovation sur commande - "uéééé...").
  A la tête d'un parti qui se prétend de gauche et socialiste (le 'S' dans PS ; celui-là même pour lequel il faudrait intenter un procès pour usage mensonger), il n'envisage absolument pas de changer les règles du jeu énoncés plus haut. Il entend bien :
  - ne pas être une menace pour la city (il est allé s'agenouiller devant eux pour le leur dire, sur place)
  - appliquer les préconisations de saignée drastique de la populace, prodiguées par de très vénérables établissements telle la BCE évoquée plus haut, le FMI (autre grande institution de l'altruisme humain) et leurs lanciers les agencesdenotation (à prononcer avec un tremblement dans la voix chuchotée).
  - tout en nous repeignant tout ça d'une bonne couche de vernis rouge, allez hop, il faut y aller : un poil de dépenses sociales pour faire plaisir mais sans changer les recettes - résultat ? Une très bonne justification pour une droite encore plus dure dans cinq ans. DNC.

Voilà donc le fameux choix de ce prochain dimanche de vote : néolibéralisme ou néolibéralisme avec une couche de vernis potentiellement très pervers.
Il faut bien comprendre que derrière ces deux candidats ce sont des gros lobbys financiers qui poussent : industriels et patrons du CAC40 pour Flamby, lobbys bancaires pour Naboléon - des différences claniques, les mêmes structures d'intérêts défendus.

Je fais quoi ? J'émigre en Islande, au Venezuela ou en équateur ?

Le choix par défaut n'est pas un choix

L'argument le plus souvent avancé ? "Pas cinq ans de Naboléon en plus, il faut voter Flamby !".

Lumineux, y'a pas à dire...

Métaphore : alors y'a deux glands, tu vois, et parmi  eux y'en a un qu'est un un poil plus méchant que l'autre : il ne faut pas voter pour lui faut voter pour l'autre ! ... Ouais ok, ça se tient, mais dans le fond on va voter pour un gland dans tous les cas... :-/

Cette situation est le fruit d'une volonté déterminée

Pour commencer, comme le dit Etienne Chouard, le système de l'élection est un système non pas démocratique mais aristocrate : on élit "les meilleurs".

La grande question c'est : à l'aulne de quels critère donc détermine-t-on cette méliorité ? Je prétends deux choses qui s’enchaînent :

• Le jugement est construit sur la base de la propagande médiatique et sondagière ;
• Le choix de quels partis favoriser et des rapports sous lesquels les faire apparaître les uns d'avec les autres appartient donc de facto à ceux (les structures) qui détiennent les rênes de cet appareil médiatique : ce n'est pas madame Michu. Ce sont de grands consortiums reposant sur et servant des capitaux privés : grands groupes industriels et plus larges, conglomérats financiers...

Ces intérêts, par construction pour ce qu'ils vivent dans, par et pour le modèle néolibéral, mettront absolument tout en œuvre pour maintenir le statu quo du système qui les sert si bien. C'est la réaction.

Par le jeu médiatique de l'avant premier tour, caractérisé par l'impératif constant du vote utile et l'exacerbation d'un FN idiot utile, les structures de pouvoir en place ont par le bras armé médiatique réussi à faire aboutir l'élection précisément là : elles s'en sortent bien quoi qu'il se passe ensuite... elles ont déjà gagné.

Cf. liens sur Etienne Chouard en bas de page.


Nous n'aurions donc le choix que de cautionner ?

Deux candidats "élus" (vous avez compris par qui), une seule idéologie politique.

Et l'on est soumis au feu des gentils naïfs qui viennent vous moraliser et vous expliquer que, vous comprenez, on ne peut pas comparer Flamby à Naboléon, oh non, et il faut sortir le grand méchant, et votons donc l'autre, je ne veux pas savoir, et puis le FN, et puis, et puis...

Et puis si ne n'est pas assez épicé on peut rajouter la couche de people-isation que génère cette élection du monarque présidentiel (5e république merdique) et dans laquelle la masse de nos concitoyens est si prête à verser la larme à l'oeil - mise en scène. Qu'ai-je entendu à ce titre ? "Flamby est un rassembleur" - rhooo dis-donc ! Le mec il a le charisme d'une huître malade, il s'est pointé en nous foutant tous le flingue du vote utile sur la tempe pour acquérir nos voix via force propagande médiatique, et y'a encore des bougres d'ânes pour venir t'expliquer qu'il est un rassembleur. Il est vrai que les moutons se rassemblent derrière n'importe quoi...

Rions, rions ; le rire est un excellent exutoire. Y'en a besoin.

Gentil chien.

Lèche-moi les pieds mais va en plus rabattre le troupeau pour venir me lécher les pieds.

Et donc malgré le non-choix flagrant et tout ce dégoût, il faudrait voter quand même pour ces raisons, ce qui ne manquera pas de légitimer l'élu quel qu'il soit. Nous sommes repartis pour cinq ans dans tous les cas.

Pipi

Cette configuration électorale met, à mon sens, à nu le fait flagrant que nous sommes dans une fausse démocratie d'apparence justificatrice. Sous cette considération poser un bulletin dans l'urne c'est légitimer le système falsificateur et le faire perdurer. Presque être complice.

Alors oui, je me retiens d'ores et déjà pour avoir quelques litres à larguer dans l'urne dimanche prochain.

Et plus franchement, je ne sais pas ce que je ferai devant la machine à voter dont, en plus, je suis incapable de vérifier le fonctionnement...

Enfer.

Références :

En france on ne change pas une équipe qui perd, blog "Le bon dosage"

Etienne Chouard : arrêtez de voter 

Etienne Chouard sur Hugo Chavez, la démocratie et la résistance individuelle  

Etienne Chouard : l'état et les banques, les dessous d'un hold-up historique
Par Daniel Peron : conclusion du 1er tour...
Négation du politique / Rupture d'anévrisme (Le Monolecte)
South Park - Giant douche vs. Turd sandwich



Et pour finir, les paroles de la chanson Dimanche de vote, du groupe Luke :

Si un jour tu pointes ton nez vers l'extrême
N'oublie pas que les hommes sont fous
D'elle comme d'une cigarette
La république, ça se roule sans filtre, c'est tout
Elle se consume sans en avoir l'air
Ne crie pas sa douleur chez nous
Tu sais, la république a ses valeurs
On ne peut les apprendre d'un coup
Alors si tu pointes ton nez vers l'extrême
S'il te plaît, rejoue

Exister, c'est déjà un morceau de bravoure
Mais choisir, c'est bien plus grand
Que j'aime ces dimanches de vote
Sans retour d'un vent violent
Qu'une fois le calme des discours
Ne m'apaise pas vraiment
Finalement peut-être que ces abrutis
N'ont rien d'autre à se foutre sous la dent

Si un jour tu pointes ton nez vers l'extrême
N'oublie pas que les hommes sont fous
D'elle comme d'une cigarette
La république, ça se roule sans filtre, c'est tout
Ses idées de mauvaise mère
A ces dimanches de mauvais jours
Les urnes devraient se taire
Quand les bras se lèvent sans détour
Alors si tu pointes ton nez vers l'extrême
S'il te plaît, rejoue.

2001  "La vie presque"